Discours du Président Macky SALL à l’ouverture du 9e Forum Mondial sur l’Eau

Chers collègues,
Denis Sassou Nguesso, Président de la République du Congo,
Sahle-Work Zewde, Présidente de la République fédérale démocratique d’Ethiopie,
Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la République Islamique de Mauritanie,
Umaro Sissoko Embalo, Président de la République de Guinée Bissau.
Madame Aïssatou Touré, Vice-Présidente de la République de Gambie,
Monsieur Jakaya Kikwete, ancien Président de la République de Tanzanie,
Monsieur le Président de la Banque mondiale,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,

Mesdames, Messieurs,
Je tiens, d’abord, à vous remercier chaleureusement, chers collègues et frères, pour avoir bien voulu honorer de votre précieuse participation ce 9ème Forum mondial de l’Eau, malgré vos agendas chargés.
Merci également à vous, cher ami David Malpass, et à tous nos hôtes venus prendre part à cette rencontre.
A toutes et à tous, je souhaite la bienvenue et un agréable séjour au Sénégal.
Vingt-cinq ans après sa première édition à Marrakech, le Forum mondial de l’Eau se tient à nouveau en terre africaine, alors que la raréfaction des ressources hydriques et la dégradation de l’environnement continuent de s’aggraver.
Nécessité vitale, besoin spirituel et économique,
l’eau est, selon une vieille sagesse, au commencement et à la fin de la vie.
Or, si l’on en juge par les indicateurs du Rapport des Nations Unies sur l’eau, publié en mars 2021, la situation n’est pas rassurante :
• 2 personnes sur 5 dans le monde vivent dans des régions où l’eau est rare ;
• les femmes et les filles passent plus de 200 millions d’heures par jour à chercher de l’eau ;
• 2,1 milliards de personnes sont contraintes de consommer de l’eau polluée ;
• 80% des eaux usées sont rejetées dans la nature sans traitement, mettant en péril la santé et la vie de 4,5 milliards d’individus ; 90% des 1000 catastrophes naturelles les plus dévastatrices depuis 1990 sont liées à l’eau.
Tout laisse croire que si rien n’est fait, la situation ira de mal en pis, en raison notamment de la forte pression démographique, de l’urbanisation rapide et d’activités industrielles polluantes.
Ce 9e Forum mondial de l’Eau nous donne l’occasion de sonner l’alerte sur la gravité de la situation, afin que les questions liées à l’eau restent au cœur de l’agenda international.
Il y va de la vie et de la santé de milliards d’individus à travers le monde. Il y va également de la préservation de la paix et de la sécurité internationales.

En accueillant cette 9e édition, le Sénégal a souhaité poursuivre sa tradition de diplomatie de paix et de concertation autour des ressources hydriques.
C’est le sens de notre appartenance à deux organismes de bassin, l’OMVS et l’OMVG, créées respectivement en 1972 et 1978, et dont les pays membres coopèrent de façon concertée, à travers des activités et infrastructures communes de développement.

C’est aussi le sens de notre adhésion à la Convention de 1992 sur la protection et l’utilisation des cours d’eau transfrontaliers et des lacs internationaux.
C’est, enfin, le sens de l’initiative sénégalaise d’inscrire dans l’agenda du Conseil de Sécurité des Nations Unies, pour la première fois en avril 2016, la thématique eau, paix, sécurité lors de son mandat au Conseil. Nous avions voulu contribuer à la prise de conscience internationale sur les risques élevés de conflits liés à l’eau au 21ème siècle. De la même manière, je crois que le moment est venu pour qu’une instance comme le G20 prête attention aux problématiques liées à l’eau, à l’image de ce que fait la Banque mondiale depuis des décennies.

Compte tenu des enjeux globaux qui s’attachent à ces problématiques et à bien d’autres préoccupations mondiales, il me semble d’ailleurs nécessaire que le G20 élargisse sa composition. L’Union Africaine pourrait ainsi en devenir membre. N’oublions pas, en effet, que l’Afrique, compte plus d’un quart des pays membres des Nations Unies, 30 millions de Km2, 1,4 milliard
d’habitants, et forme, ensemble, la huitième économie mondiale.
Au demeurant, il n’y a rien de mieux qu’une approche inclusive pour traiter de problèmes globaux ; comme le thème de ce 9e Forum mondial de l’Eau nous le rappelle : Sécurité de l’eau pour la paix et le développement.
L’occasion nous est ainsi donnée de poursuivre la « prophylaxie » des tensions autour de l’eau par le dialogue et la concertation, au sein et entre les pays.

De même, l’Objectif de Développement Durable n°
6 sur l’accès universel à l’eau potable et à l’assainissement, nous y oblige.
En ce qui le concerne, le Sénégal a accentué ses efforts dans ce sens ces dernières années avec :
• la réalisation de près de 2.100 forages et plus de 670 châteaux d’eau ;
• la mise en service d’une 3ème usine de traitement d’eau potable ;
• la construction en cours d’une première unité de dessalement de l’eau de mer ;
• la densification des réseaux de transport et de distribution d’eau ;
• et l’intensification des travaux d’assainissement.
Mais au-delà de la réalisation d’infrastructures publiques, l’atteinte de l’ODD6 requiert un engagement individuel et collectif plus soutenu contre le gaspillage industriel et domestique de l’eau, et pour une agriculture irriguée plus respectueuse de l’environnement.

En outre, il convient de promouvoir davantage l’échange d’expériences et l’innovation scientifique et technologique pouvant aider à une utilisation optimale de l’eau.
Afin d’apaiser les tensions liées à l’eau et faciliter l’accès universel à la ressource, il y a urgence à agir sur trois leviers.
Premièrement, encourager davantage la gestion concertée des bassins transfrontaliers pour prévenir les risques de conflits.
Deuxièmement, poursuivre la mise en place de systèmes de régulation efficaces et socialement équitables ; parce que l’eau ne peut être
considérée comme un simple bien économique dont l’exploitation est soumise à la loi du marché. Troisièmement, enfin, promouvoir davantage l’économie circulaire d’assainissement, par le traitement et le recyclage des eaux usées, afin de réduire l’impact environnemental et sanitaire, et stimuler en même temps la création de nouvelles activités génératrices de revenus.

Assurément, l’ampleur des défis à relever donne du sens aux différentes thématiques de cette édition, portant, entre autres, sur : les mécanismes de financement et de gouvernance de l’eau ; l’innovation en matière d’assainissement ; la problématique de l’eau potable en milieu rural ; la recherche scientifique pour maximiser l’utilisation de l’eau et la réutilisation des eaux usées.

J’encourage vivement tous les acteurs, étatiques et non étatiques, à maintenir la dynamique de Dakar dans la perspective de la Conférence des Nations Unies sur l’Eau l’année prochaine à Douchanbé. Je remercie tous nos partenaires, le Président du Conseil Mondial de l’Eau, le Ministre en charge de l’Eau, le Secrétaire exécutif du 9ème Forum mondial de l’Eau et l’ensemble des équipes qui ont travaillé à la tenue de cet événement.

Je déclare ouvert le 9e Forum mondial de l’Eau, en souhaitant que ses résultats répondent pleinement à nos attentes.

Je vous remercie de votre attention.

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